Tous les êtres humains
naissent libres et
égaux
en dignité et
en droits.

Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948, article 1

11 avril 2020 – 75e anniversaire
de la libération des camps de concentration de
Buchenwald et Mittelbau-Dora

Discours

qui n'ont pas pu être tenus à l'occasion du 75e anniversaire de la libération des camps de concentration de Buchenwald et de Mittelbau-Dora

Préface du 75e anniversaire de Bodo Ramelow, ministre président de l'État libre de Thuringe

Le 1er avril 1945, les troupes américaines rejoignent la Thuringe. Arrivée à Creuzburg, elles souhaitent poursuivre leur progression, mais la ville compte quelques incorrigibles qui pensent devoir encore défendre Adolf Hitler et son régime meurtrier. Creuzburg est réduite en cendres parce que les Américains ne veulent pas être arrêtés par quelques fortes têtes.

Dans le Jonastal, les Américains sont alors confrontés à une terrible surprise. Là, à Ohrdruf, ils découvrent pour la première fois les montagnes de cadavres des camps de concentration, dans le camp annexe d’Ohrdruf. Mais lorsqu’ils atteignent l’Ettersberg à Weimar et le camp de concentration de Buchenwald, ils se rendent compte que quelque chose de terrible s’est passé dans le Reich. Jusqu’alors, il n’y avait pas de photos des horreurs dont nous avons par la suite été les témoins.

Les crimes commis dans les camps de concentration sont l’expression de la destruction de l’humanité. Rien ne peut les justifier, rien ne peut les expliquer et il faut garder à l’esprit que ces crimes contre l’humanité ne doivent jamais se reproduire. C’est là que réside notre responsabilité, aujourd’hui et à l’avenir.

Nous voulions célébrer cela avec les survivants à Weimar, au Théâtre national allemand et à Buchenwald sur la place d’appel. Le coronavirus a chamboulé nos projets.

Nous souhaitons protéger les gens et leur assurer que lorsque le coronavirus sera derrière nous, nous nous réunirons à nouveau pour affirmer : «À Buchenwald, le serment de Buchenwald est toujours valable. Le serment de Buchenwald est notre devoir quotidien». Nous devons dire clairement chaque jour que nous ne pouvons pas accepter de nous habituer à une forme exacerbée de nationalisme et de normaliser les crimes commis sous le régime nazi.

Ni «virage historico-politique à 180°» ni « fiente de l’histoire» ne sont de bonnes formulations pour expliquer le crime. Par conséquent, nous nous en tenons à cette affirmation : 75 ans après, la libération de Buchenwald est une libération de l’inhumanité et des agissements meurtriers. C’est pourquoi nous la commémorons et j’attends avec impatience le moment où nous pourrons nous retrouver à Buchenwald pour affirmer haut et fort avec les survivants que le serment de Buchenwald reste notre devoir.